vendredi 30 mars 2007
Etat de droit ou Etat de police?
Coucou, revoilà les "classes dangereuses" et la "vile multitude" chères aux fusilleurs du XIXème siècle. Ce qui s'est passé Gare du Nord est exemplaire. Après le matraquage des partents d'élèves et la mise en garde vue d'une directrice d'école maternelle pour arrêter un dangereux papy chinois, il était normal que Baroin soit jaloux des lauriers de Nicolas. Face à cette écoeurante chasse aux voix de la supposée majorité silencieuse, je trouve, et je ne suis pas seul, que la réaction du PS et de Ségolène n'est pas à la hauteur, surtout en ce qui concerne la régularisation des enfants sans-papiers, et de leurs parents. On ajoute le cafouillage ( trois déclarations différentes en deux jours) à la pusillanimité ( on finit par s'aligner sur Bayrou!), ce qui rend d'autant plus inaudible les propos sur le drapeau et l'hymne national, perçus comme une concession à cette même majorité aphone, alors que ce n'est peut-être pas le cas. Il faut savoir poser des gestes symboliques, et ne pas se réfugier dans le "cas par cas" , dont on sait qu'il risque d'être interprété par le guichet comme traitement...à la tête du client. Il est grand temps de respecter ces millions de nouveaux électeurs, issus des "quartiers", qu'insulte Sarkozy, et que la gauche socialiste considère comme acquis, ce qui est fort présomptueux.
samedi 17 mars 2007
Les intellectuels en campagne
Alors que va commencer la campagne officielle, on peut faire quelques remarques sur le degré d'engagement de nos "clercs" dans la mêlée. Il n'est pas niable que Ségolène Royal a pris dans ce domaine une longueur d'avance. On peut ricaner du côté "gauche caviar" de la réunion de Japy, mais elle a eu lieu. Nicolas Sarkozy par contre , après des ralliements en fanfare( Glucksmann, Gallo, Weitzmann et quelques seconds couteaux) n'a pas beaucoup engrangé. Et ce n'est pas l'affaire de son commissariat à l'identité nationale qui va arranger ses affaires. Bayrou bénéficie de l'appui de gens sérieux, en général peu connus du grand public ( ce n'est pas une tare!) venant soit de la mouvance giscardo-barriste d'où il est après tout issu( revue "Commentaire"), soit de déçus de la social-démocratie ( voir ici même mon billet sur Jean-Pierre Rioux), qui pourraient se révéler nombreux s'il accédait au second tour. Mais nul ne sait qui seront les finalistes. L'expectative domine en attendant chez des "intellos" qui ne sont pas tous des "people" . Le souvenir de l'esprit de cour qui a été celui des années-Mitterrand - et dont l'"Atelier " de Jospin en 2002 fut un peu la caricature- pèse encore lourdement , tout comme celui de l'esbrouffe magistrale d'un Chirac en perdition ( 1995), qui s'était servi de certaines boîtes à idées d'avant-garde pour se construire une image de Robin des bois. Chat échaudé...
dimanche 11 mars 2007
Sarkozy et la France aux Français (post-scriptum)
Aïe! les intellectuels et autres "personnalités de la société civile" ralliés à Sarkozy se bouchent le nez devant son flirt avec Le Pen et ses idées nauséabondes. Un patron d'origine maghrébine qui s'est fait connaître par sa lutte contre les discriminations à l'emploi, serait du nombre. Dans "Le Parisien"du 11 mars, Max Gallo déclare qu'"...il faut faire très attention au rapprochement des mots" et que, par conséquent, il n'est "pas partisan de ce type d'expression." On ne saurait mieux dire. Trop, c'est trop.
Sarkozy passe les bornes
Sans doute inquiet de se voir opposé à Bayrou au second tour, voire éliminé dès le premier, Nicolas Sarkozy a choisi la fuite en avant. En proposant de créer un ministère de l'immigration et de l'identité nationale (!) il sort délibérément du cadre démocratique pour prôner une xénophobie voire un racisme d'Etat, ce qui ne s'était pas vu en France depuis plus de soixante ans. Il faut en effet remonter à l'Etat français de Vichy pour trouver ce lien explicite entre étrangers et menace, non seulement contre l'ordre public ou sûreté de l'Etat, ce qui serait déjà discutable, mais entre étrangers et "pureté" du corps national. Quelle est en effet cette "identité" si menacée qu'il faille un département ministériel pour la défendre contre l'Anti-France ( comme disait Charles Maurras)? Ne serait-elle pas par hasard exclusivement blanche et chrétienne. Et l'Anti-France en 2007 ne serait-elle pas celle des égorgeurs de moutons dans la baignoire, stigmatisés par un discours récent du Ministre-candidat? Peut-on accepter, si on est républicain, une telle légitimation du discours d'extrême-droite? Ne serait-il pas temps de descendre dans la rue pour signifier notre dégoût devant cette proposition qui signifierait à terme qu'il y ait deux catégories de citoyens: les "vrais Français" et les autres, plutôt colorés, plutôt musulmans. on s'indigne à bon droit des déclarations d'un Raymond Barre qui persiste à distinguer entre "Français innocents" et "Juifs coupables" (de quoi et aux yeux de qui? Mais c'est la même logique qui prévaudrait, si par malheur le projet orwellien d'un tel ministère de l'Identité voyait le jour
Daniel Lindenberg
Daniel Lindenberg
lundi 5 mars 2007
A propos du "vote juif"
"Le Monde" du 4-5 mars nous apprend que M. Patrick Klugman est à l'initiative d'une pétition dénonçant la "prise d'otage" de la communauté juive française par les partisans de Sarkozy. Il y a en effet une rumeur, dont ont fait état certains journaux comme "Marianne", d'un déplacement massif de l'électorat juif en direction du candidat de l'UMP, supposé plus pro-israélien ou pro-américain que ses pédecesseurs ou ses concurrents. Celà appelle plusieurs observations. quelque chose comme un "vote juif" spécifique existe-t-il? il faudrait distinguer ici entre les appareils ou porte parole communautaires, et des centaines de milliers de citoyens dont l'"identité" juive(elle-même vécue de façon extrêmement variable) ne dicte pas automatiquement le choix électoral. en ce qui concerne les dirigeants du CRIF, pour ne parlerr que d'eux, le "mal" est ancien. M. Cukierman, président de cette institution ne se réjouissait-il pas à demi-mot , après le 21 avril 2002, du score de Jean-Marie Le Pen, censé "calmer" les jeunes musulmans, eux-mêmes catégorisés comme "antisémites" par nature? Plus récemment, au moment de l' épouvantable affaire Halimi par exemple , certains extrêmistes n'ont-ils pas craint d'affirmer une convergence avec Philippe de Villiers, voire Le Pen? On parfois l'impression qu'au nom de la défense d'Israël et la lutte contre l'antisémitisme ( uniquement celui des jeunes d'iorigine maghrébine ou africaine), le mot d'ordre serait: "Pas d'ennemis à droite!". Et un des experts les plus souvent invités par ces milieux communautaires n'est-il pas un Alexandre del Valle, dont le background d'extrême-droite et l'islamophobie radicale sont de notoriéreté publique? Je crois que le plus sage serait d'élargir le débat à la conception de la politique propre à certains milieux qui prétendent parler au nom d'une "communauté"...qui n'existe pas, car, fort heureusement, chacun en France peut vivre ses identités plurielles comme il l'entend. C'est à ce prix qu'on combattra effectivement un "communatarisme", dont Patrick Klugman a raison de dire que M. Sarkozy veut le favoriser contre les principes républicains. Mais ceux qui ont segmenté la jeunesse française en "blacks, blancs beurs", et empêché l'émergence de mouvementzs autonomes pour l'égalité des droits ne portent-ils pas une part de responsabilité dans cette "communautarisation" rampante? Quant aux élections, veillons surtout à combattre la désinformation, d'où qu'elle vienne
Daniel Lindenberg
Daniel Lindenberg
samedi 3 mars 2007
Réponse à Jean-Pierre RIOUX
Hier dans Libération, Rioux , que j'aime bien, et qui vote Bayrou ( et c'est tout à fait son droit!)argumente en rappelant le bon vieux temps de la troisième force, qui réunissait effectivement sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens. Mais Jean-Pierre , tu sais bien que celà a été l'époque des guerres coloniales, que ça n'a pas empêché la guerre scolaire, ni le retour de De Gaulle . Et je me souviens que c'est le MRP, dont Bayrou ressucite la mémoire , qui a eu la peau de Mendès-France, après l'avoir hystériquement combattu pendant sept mois et dix-sept jours. Ce Mendès dont Bayrou, qui ne manque pas de culot, voudrait se présenter comme la réincarnation! Quant à dire que Mitterrand a "bénéficié" des voix de Lecanuet pour permettre De Gaulle en ballotage, c'est un argument, pardonne-moi, un peu tiré par les cheveux. on peut aussi bien dire que c'est Lecanuet qui, etc...Quant à dire que la gauche n'a pour seul but de gagner par n'importe que moyen, on peut retourner le compliment (un peu poujadiste) à Bayrou, qui fait feu de tout bois pour apparaître comme candidat "antisystème" (sic), alors qu'il ne nous sert au mieux que le vieux programme du MRP en 1945: "La Révolution par la Loi". Bref je ne comprend pas l'engouement pour ce nouveau "sauveur", si ce n'est que j'y vois le vieux réflexe bonapartiste, si prêt à se réveiller périodiquement dans ce pays, fût-ce en version "soft". Quant aux profs qui, déçus par le PS, ou trouvant Ségolène un peu juste, vont voter pour le Béarnais, comment ne pas penser à Gribouille qui se jette à l'eau pour éviter d'être mouillépar la pluie. Pathétique aussi ces intellectuels qui , n'osant se déclarer pour Sarkozy, se rabattent sur l'homme qui au Ministère de l'Education Nationale, a pratiqué le plus parfait immobilisme et gouverné avec le SNES. Est-ce ainsi qu'on sortira du "désastre de l'école"?
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