Il y a beaucoup de non-dits dans les commentaires qui ont suivi l'épisode final de l'interminable feuilleton éléctoral que nous venons de vivre. Tout ce battage qui est fait autour de l'entrée au gouvernement de personnalités issues de la "diversité" (quel euphémisme !) alors qu'aucun(e) candidat(e) issu(e) de l'immigration, n'a été élu(e), lors même que les candidatures étaient cette fois-ci assez nombreuses, à gauche comme à droite. Il est clair que le handicap du nom ou de la pigmentation reste aussi lourd en politique qu'il l'est pour le travail et le logement. Et ce n'est pas la nomination des personnalités-alibi déjà évoquées, qu'elles soient réellement compétentes ou fruits de pures constructions médiatiques à résonances idéologiques douteuses ( la loi sur le voile, la dénonciation de la "barbarie" des Cités), qui changent le fait qu'aucune n'a pu prendre le risque de se présenter au suffrage populaire, après une campagne où le vainqueur est celui qui a su capter les voix du Front National en reprenant, en particulier , ses thèmes islamophobes et petits-blancs, réhabilitation de l'Algèrie française compris. On est tenté d'évoquer ( mais ce serait évidemment trop flatteur) ce premier gouvernement de Front Populaire où il y avait trois femmes sous-secrétaires d'Etat... qui n'avaient pas le droit de vote, puisque les femmes ne l'avaient pas). tant que les "Arabes" et les "Blacks" seont, de fait, inéligibles au scrutin uninominal, nos aurons la preuve qu'il y a dans ce pays, comme dans tout le reste de l'Europe, une citoyenneté à deux vitesses. Terminons sur une note optimiste. Une jeune génération politique s'affirme à gauche. Daniel Goldberg ( voir un de mes messages précédents) a brillamment été élu député d'Aubervilliers-La Courneuve, sur un programme réellement antiraciste, égalitaire. Dommage que beaucoup de ses collègues de gauche élus dimanche en nombre plus élevé que prévu (et on ne peut que s'en réjouir) soient étrangement silencieux sur les lois xénophobes en préparation , et le harcélement quotidien visant les quartiers de relégation et les minorités dites "visibles". Tonner contre la TVA sociale n'est pas suffisant. La guerre contre les pauvres est un tout.
DL
mercredi 20 juin 2007
mardi 5 juin 2007
Nouveau paysage politique
C'est moins le résultat global de ces élections qui compte-Il ne fait guère de doute- que le nouveau paysage politique qu'il permettra d'entrevoir. Si le Parti Communiste est atteint dans ses derniers bastions ( ancienne "ceinture rouge" de la région parisienne, Pas-de-Calais , Bouches-du-Rhône, Allier) et si l'hémorragie des Verts vers le PS et le Modem se confirme, alors un système bipartisan sera peut-être à la veille de s'installer en France. Tous les discours sur le déclin du réformisme français doivent donc être tempérés, car la présidentielle a montré que dans certaines régions et dans certaines catégories sociales ( ou classes d'âge) , il progressait à nouveau, ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps. la guerre des chefs, aussi lamentable soit-elle, ne doit pas occulter ces tendances à long terme. quant à "l'ouverture" du gouvernement à des transfuges de la gauche, il ne faut exagérer ni son ampleur ( elle touche des personnalités atypiques), ni sa nouveauté. Après 1978 Giscard espérait lui aussi recruter largement dans le vivier de la "deuxième gauche" et gouverner au centre! S'il avait gagné en 1981, nul ne sait s'il n'y aurait pas réussi. Le comportement actuel de beaucoup de mitterandistes historiques laisse à penser que "Tonton" avait su attacher au char de la gauche nombre d'hommes et de femmes qui reviennent aujourd'hui à leur vraie famille de pensée. Pour le reste, il peut être sain pour la gauche de n'être plus "à la mode", à l'heure où la guerre de tous contre tous et le cynisme des "gagnants" semblent s'imposer comme nouvelle pensée unique. Le 24 fèvrier LE Figaro sortait un papier intitulé: "Au Flore, il n'est plus de bon ton d'être à gauche". C'est bien triste pour ce lieu de mémoire où l'on a cru (trop) longtemps que le marxisme était l'hiorizon indépassable de notre temps, mais on s'en remettra.
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